Conférences


9h45 – Introduction par le Comité d’organisation représenté par Léo TOUSSARD


10h00 – Marion FELDMAN et al. (A2P — CLIPSYD) – Les enfants réunionnais exilés en métropole (1962-1984). Une recherche qualitative : la posture du chercheur comme un des enjeux méthodologiques dans la recherche clinique des traumas.

Objectifs : Donner la parole, accompagner psychologiquement, mieux comprendre le parcours de vie d’adultes qui enfants, ont été exilés de force de l’île de la Réunion à la métropole entre 1962 et 1984. 2 015 enfants exilés dans le cadre d’une politique publique, via l’institution de la protection de l’enfance, ont été séparés de Ieur île, de Ieur famille, de Ieur Iangue, et placés-déplacés dans des familles, foyers ou adoptés en métropole.

L’intention est de permettre la construction de perspectives de soins psychiques adaptés en direction de ceux qui ont vécu cet exil, Ieur descendance ainsi que les ex-enfants dits de la Creuse, repartis vivre à La Réunion.

Cadre de la recherche : Recherche interuniversitaire (Paris Nanterre et Paris Cité) financée par le Ministère des Outre-mer.

Méthodologie : 1) Adultes de 50 à 70 ans rencontrés dans le cadre de groupes de paroles en métropole 2) Focus groupe avec des soignants réunionnais pour faire émerger les besoins en soins psychiques à La Réunion.

Les enjeux méthodologiques sont centraux afin de mieux comprendre comment appréhender la complexité des effets de traumatismes cumulatifs. Les verbatims sont enregistrés et analysés selon la « Théorie ancrée » (Glaser & Strauss, 1967). Nous montrerons l’importance de prendre en compte ce qui se joue dans la relation avec le chercheur ainsi que I’analyse de sa position subjective, permettant d’accéder à un matériau supplémentaire et venant augmenter la force de l’étude. A savoir, comment son background, ses croyances, ses attentes influencent la recherche mais également en retour, comment la recherche va venir influencer la position du chercheur.


11h00 – Lauriane Rat-Fischer et al. – Rôle des émotions dans les apprentissages avec une approche multidimensionnelle : le cas de l’humour chez le bébé

De nombreuses études ont montré un effet facilitateur de l’humour sur les apprentissages, notamment chez l’adulte et l’enfant d’âge scolaire, grâce à divers mécanismes tels que l’amélioration de l’attention et de la motivation, ou encore une baisse du stress et de l’anxiété. Notreéquipe a été pionnière dans la mise en évidence d’un effet similaire chez le bébé. Testés dans une tâche d’apprentissage social, 96% des bébés de 18 mois qui riaient en réaction à une démonstration humoristique résolvaient la tâche, contre 30% des bébés qui ne riaient pas à cette démonstration ou qui étaient testés avec une démonstration neutre (Esseily et al, 2015). Suite à cette étude, notre projet EmoLearn tente de démêler les mécanismes qui relient certaines émotions à l’apprentissage social des bébés. Comment provoquer une émotion particulière en situation d’apprentissage chez le bébé ? Ces résultats sont-ils réplicables et généralisables (âge, contexte…) ? Comment mesurer la réponse émotionnelle du bébé ? Quels effets du port du masque sur les interactions avec les bébés ? Enfin, peut-on dé-corréler l’aspect émotionnel de l’aspect cognitif en situation d’apprentissage social ? Nous discuterons ces aspects à la lumière de nos données multidimensionnelles sur l’humour chez le bébé, avec une ouverture sur nos travaux récents de collaboration en robotique développementale.


11h30 – Chloé RIBAN (CREF) et Lise LHERITIER-ALAOUI (CREAD) – Enquêter auprès de mères de familles populaires immigrées : la mobilisation de Ieurs émotions par de jeunes chercheuses

Nous avons enquêté avec des mères de familles populaires stigmatisées car appartenant à des groupes minoritaires (Goffman, 1975 ; Guillaumin, 1972). En tant que femmes diplômées, nous avons été saisies par le risque de reproduire des rapports de pouvoir entremêlant différents vecteurs (Kergoat, 2009 ; BiIge,2010). Les émotions ont ainsi marqué notre entrée dans I’enquête : les craintes d’une exploitation épistémique (Berenstain, 2016) ou d’être une « instance empiétante » (Hertiman, 2021). A l’image inversée de Chamboredon et al. (1994) avec « s’imposer aux imposants », nous considérons l’enquête comme des relations où se négocient des liens. Puisque « c’est I’oubIi de la domination […] qui ménage aux classes populaires le lieu […] de Ieurs activités culturelles les moins marquées par les effets symboliques de la domination » (Grignon et Passeron, 1989, p. 104), nous avons dû quitter I’enquête dans sa dimension formelle pour mieux y entrer. Ces affects nous ont amenées à des « bricolages » méthodologiques, d’une démarche empirico-inductive à la théorisation ancrée (Glaser & Strauss, 2010). Ces considérations nous ont conduites à une réflexivité proche de la socio-analyse (Bourdieu) et du processus de conscientisation développé par Péreira (2018). C’est à travers nos réactions sur le terrain que nos objets de recherche ont pris forme et dans certains liens que nous avons observé I’ancrage de I’enquête dans nos trajectoires biographiques, nous renvoyant à nos affects qui sous-tendent selon nous toute volonté de comprendre (Moïse, 2009)


12h00 – Brigitte BAYET (CREF) – Dynamiques interactionnelles empreintes d’émotions et d’affects Iors de récits de vie auprès de jeunes en situation de handicap

Au cours de différents projets de recherche institutionnels auxquels j’ai participé dans mon cadre professionnel, ainsi que pour ma thèse intitulée « Récits de jeunes en situation de handicap : comment devenir auteur de son parcours de formation vers l’insertion professionnelle ? », j’ai été confrontée Iors des entretiens à caractère biographiques auprès de ces jeunes se présentant dans Ieur étrangeté, dans une altérité radicale pour certains, à l’émergence de fragments de vécus et de ressentis empreints de souffrance en relation avec Ieur maladie, parfois avec la mort et à Ieurs tentatives de devenir un sujet-acteur de Ieur propre existence et de développer un projet de vie.

Je me centrerai plus particulièrement sur ces situations d’entretiens en évoquant comment la chercheuse dans une mobilisation de « l’être total du chercheur-en-situation : son corps, ses émotions, ses intuitions, ses expériences, ses enquêtes passées, ses projets » (Paillé & Mucchielli, 2016, p. 123) peut se retrouver affectée (Favret-Saada, 2009) par l’accueil d’expériences douloureuses suscitant une charge émotionnelle qui engage sa sensibilité, voire même la confrontation avec sa propre vulnérabilité et suppose ce regard introspectif sur soi-même. Des exemples d’entretiens seront exposés comme illustrations et des pistes de réflexion seront suggérées.


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